
Michou, le prince bleu est née un 18 Juin !
Des racines picardes à l’appel de la scène parisienne
Michel Georges Alfred Catty, plus connu sous le nom de Michou, naît le 18 juin 1931 à Amiens, en Picardie. Fils d’une famille modeste, il est élevé dans un cadre assez classique, loin des lumières de la capitale. Très jeune, il développe un goût pour le travestissement, le maquillage et les performances, bien qu’à l’époque, ce genre d’expression soit encore tabou, voire dangereux. Refusant de se plier aux normes sociales rigides, le jeune Michou sent qu’il n’a pas sa place dans la société provinciale. Il monte alors à Paris au début des années 1950, sans un sou mais avec des rêves plein les poches.
À Montmartre, quartier alors peuplé d’artistes, de rêveurs et de marginaux, Michou trouve son univers. Il y enchaîne les petits boulots : serveur, plongeur, barman… avant de poser ses premières pierres dans le monde de la nuit.

La création du cabaret rue des Martyrs : une révolution travestie
En 1956, Michou rachète un petit bistrot de quartier situé au 80 rue des Martyrs, dans le 18e arrondissement de Paris. Ce lieu, encore sans prétention, devient peu à peu un repaire pour les amateurs de spectacle hors norme. Dans un Paris encore marqué par la morale gaulliste, Michou ose proposer des spectacles de transformisme, où des artistes incarnent les plus grandes divas de la chanson française et internationale.
L’idée est simple, mais visionnaire : proposer un divertissement mêlant humour, glamour et imitation, dans le respect des icônes qu’on y incarne. Dalida, Sylvie Vartan, Édith Piaf, Brigitte Bardot, Céline Dion ou encore Barbara sont autant de figures qui prennent vie sous les projecteurs grâce à des artistes travestis méticuleusement maquillés, costumés, mimant chaque geste à la perfection.
Peu à peu, le Cabaret Michou devient un lieu mythique, ouvert tous les soirs, avec des représentations complètes des semaines à l’avance. Le bouche-à-oreille fonctionne à merveille. On y vient pour rire, s’émerveiller, oublier les contraintes du quotidien. Mais au-delà du divertissement, c’est un acte de liberté artistique et sociale que Michou propose chaque soir à son public.

Une icône entourée de stars : Michou et le show-business
Le succès du cabaret ne tarde pas à attirer les célébrités. Dès les années 1960-1970, le tout-Paris du show-business se presse dans la petite salle : Line Renaud, Thierry Le Luron, Charles Aznavour, Johnny Hallyday, France Gall, Jean-Paul Belmondo, Alain Delon, Michel Sardou… Tous viennent saluer Michou, le « prince travesti de Montmartre ». Mais ces visites ne sont pas seulement mondaines : beaucoup deviennent de vrais amis.
Michou n’était pas seulement un hôte : il était un homme de fidélité, un confident, un personnage qui savait écouter autant qu’amuser. Il apparaissait aussi régulièrement dans les médias : invité de talk-shows, sujet de reportages, souvent caricaturé mais jamais moqué — car derrière l’exubérance de ses costumes bleu électrique et de ses lunettes assorties, il y avait un cœur immense et une intelligence médiatique rare.
Il participera à l’émission “Les Grosses Têtes” sur RTL, apparaîtra dans des documentaires, et tournera même dans un film avec Claude Lelouch. Il cultive sa propre image avec humour, se présentant comme « Michou, l’homme qui aime les femmes au point de vouloir les devenir ».

Un défenseur discret des droits LGBTQ+ avant l’heure
À une époque où l’homosexualité est encore criminalisée (légalement dépénalisée en 1982), Michou incarne une forme de militantisme joyeux, sans pancarte ni slogan, mais ô combien efficace. Il montre qu’on peut être différent, flamboyant, androgyne, queer — et pourtant aimé, respecté et admiré.
Il ne revendique jamais ouvertement une cause politique ou militante, mais son simple choix de vivre pleinement et publiquement son identité est un acte courageux. Il ouvre des portes pour les générations futures, notamment les artistes drag, les transformistes et les personnalités LGBTQ+.
Un héritage bleu, festif et éternel
Michou décède le 26 janvier 2020, à l’âge de 88 ans, à l’hôpital Lariboisière. Sa disparition émeut profondément les Parisiens, les artistes, et tout un pan de la culture populaire française. Le président Emmanuel Macron salue sa mémoire dans un communiqué officiel, et le cabaret lui rend un hommage poignant.
Mais Michou ne disparaît pas vraiment : Même si le cabaret est fermé aujourd’hui, le lieu reste un pilier du transformisme parisien, un havre de tolérance, de liberté et de fête et les habitants de Montmartre sont très attachés ! Michou est né un 18 juin et nous a enseigné une chose : « Que la fête continue ! »

